145 000$ pour mettre fin aux contenants à usage unique


Article rédigé par  Lila Dussault

Un projet pilote de plats pour emporter réutilisables et consignés obtient une subvention de 145 365$ de Recyc-Québec alors que la pandémie décuple l’utilisation du plastique dans la province: l’organisme à but non lucratif (OBNL) La vague prévoit implanter ce nouveau système dans les régions de Montréal, de Chaudière-Appalaches et de la Montérégie.


Les Montréalais auraient utilisé entre 17 et 28 millions de plats de plastique lors de leurs commandes pour emporter en octobre 2020. L’estimation se base sur les dernières données de l’Association des restaurateurs du Québec et de Statistique Canada.  

Or, dès cet été, 30 commerces de trois régions du Québec permettront à leurs clients de ramener les plats de leurs commandes en échange d’une consigne, un projet pilote visant à être élargi le plus rapidement possible. 


 
- Aurore Courtieux-Boinot, coordonnatrice de l’OBNL La vague

- Aurore Courtieux-Boinot, coordonnatrice de l’OBNL La vague

 

« On est en train de se faire enfouir sous notre “usage unique”, sous prétexte de crise sanitaire », déplore Aurore Courtieux-Boinot, coordonnatrice de La Vague, un OBNL québécois qui regroupe des acteurs du milieu de la restauration autour d’enjeux environnementaux. En 2019, La Vague a mis sur pied « La Tasse », un gobelet de café consigné que les clients peuvent rapporter d’un commerce à l’autre et qui est maintenant disponible dans 370 établissements à travers la province.

« La tasse », version restauration

La première étape de ce nouveau projet est une analyse de cycle de vie des matériaux par une firme indépendante, explique Mme Courtieux-Boinot. « Notre objectif n’est pas de céder à la facilité de ce qui a l’air « écolo », mais de se fier à ce qui a fait ses preuves », affirme celle qui a fait une maîtrise en gestion de l’environnement à l’Université de Sherbrooke.  

« Une deuxième étape permettra la caractérisation, c'est-à-dire le choix de trois types de contenants faisant consensus auprès des restaurants concernés ».  À terme, le projet prévoit la diminution de 30% des produits de plastique jetables dans les restaurants participants.

Recyc-Québec subventionne au total dix projets, pour un montant de 875 000$, grâce aux fonds du Plan d'action de la Stratégie québécoise de l'eau 2018-2030 (voir encadré). L’initiative de La Vague a le potentiel de devenir un « projet phare pour son milieu », affirme la porte-parole de l’organisme Brigitte Geoffroy.

 
Projet subventionnes par Recyc-Québec
 

 Des économies qui riment avec environnement

Les contenants consignés devraient coûter entre 3$ et 8$, un montant ajouté aux factures des clients et remboursé lors du retour. « Tous ces contenants jetables ont un coût direct pour les commerçants, mais aussi sur l’environnement »,  explique la coordonnatrice de La vague. « Ce sont des milliers de dollars qui partent littéralement à la poubelle! »

La facture initiale d’un système de consigne peut toutefois être importante, nuance Stéphane Koué, copropriétaire du café La Graine brûlée situé au centre-ville de Montréal. L’établissement a instauré un système de consigne pour ses plats à emporter pendant la pandémie. 

« Dans notre cas, ça coûte en moyenne 4$ l’item. Pour le même truc, mais jetable, en styromousse peut-être, ça va coûter 20 sous à un commerçant », explique-t-il en ajoutant que l'utilisation de la consigne permet de rembourser une partie des frais. « À long terme, ça peut être plus avantageux par rapport à du jetable que tu ne fais que racheter à l’infini », conclut le restaurateur.  

Brigitte Geoffroy se montre optimiste. « Au moment où on se parle, il y a des discussions à l’Assemblée nationale pour la réforme de la collecte et de la consigne, et ça implique une plus grande responsabilisation des entreprises qui mettent en marché ces produits-là », explique-t-elle.

D’ici la fin de 2021, le Canada prévoit interdire six objets de plastique à usage unique à travers le pays.



La vague